Ma toute première italienne !

Ma toute première italienne !

On ne peut être passionné par l’automobile sans avoir eu un coup de cœur pour une italienne !

Bercé par la RAIUNO, la langue italienne dominait celle de Molière, et les bolides italiens refoulés dans mon inconscient pouvaient ressurgir à tout moment, entre une Lamborghini Countach jaune et une Ferrari 512 TR rouge, ces clichés bousculaient les codes « germaniques » d’une Porsche infiniment conservatrice ou d’une américaine un peu trop massive.

Alors comment faire abstraction du design transalpin ? Avec ses différents stylistes qui ont marqué toutes générations de l’histoire automobile italienne et internationale, de la bouille sympathique de la FIAT 500, aux lignes mordantes des Lamborghini des années 70, en passant par les années glamour des Alfa sans oublier la suprématie de Ferrari dans ce domaine.

Pour ne rien vous cacher, je n’ai jamais acquis une voiture italienne avant celle-là, les échos que j’ai comme toute personne vivant en Tunisie sont la plupart basés sur des à priori propagés dans le café du quartier, ou déconseillé par le mécanicien désuet du bout de la rue.

Pour vous dire l’ampleur du risque du moins en théorie, de passer d’une marque généraliste dont la revente est facile à une italienne dont la cote locale est inexistante.

Avant d’aborder le modèle, parlons un peu du logo qui fait partie des premières affinités que crée une marque avec ses admirateurs, un logo intriguant sur lequel on voit un serpent dévorant un homme, et ce depuis le premier logo qui date de 1910, d’ailleurs sur ce dernier on retrouve l’acronyme ALFA (Anonima Lombarda Fabbrica Automobili )mais sans Romeo (le nom du fondateur de la marque) qui a été rajouté en 1915. A l’inverse du « Milano » qui était marqué sur le logo depuis sa création jusqu’au années 1960. Pour les plus curieux sur la légende urbaine sur l’origine du logo :

https://www.laculturegenerale.com/alfa-romeo-signification-logo-nom/

       

Assez parlé de généralités, la voiture dont je vous parle, est la Giulietta QV pour Quadrifoglio Verde ou le trèfle à quatre feuilles, un porte bonheur dans l’histoire de la marque  qui depuis est devenu synonyme de gamme sportive et de exclusive et un hommage à un pilote pour les plus curieux que veulent connaître l’origine de l’histoire du trèfle : https://fr.wikipedia.org/wiki/Tr%C3%A8fle_%C3%A0_quatre_feuilles_Alfa_Romeo

Nous connaissons ce modèle commercialisé en Tunisie dans sa version 1.4L 120 ch, une motorisation sur le papier insuffisante mais très agréable à conduire tellement le mariage entre la boite de vitesse et le moteur est bien étudié.

Quant à la version ‘’QV’’ que j’ai possédé, elle est équipée d’un moteur de 1750 cc, avec une puissance de 241ch, et un couple étonnant pour une traction, il passe de 340 nm à 350 nm par simple glissement d’un bouton derrière la boite de vitesse, nommé DNA, il s’agit des différents modes de conduite (Dynamic, Normal, ALL Weather) qui influe véritablement sur le comportement des freins, de la direction et même de la tenue de route grâce à un blocage de différentiel électronique plus connu par les Alfistes sous le nom de Q2, il permet à la voiture de mieux attaquer les virages et garantit un meilleur transfert du couple vers les roues, ce qui assure un comportement très stable et une voiture à la fois plus sûre et plus amusante à conduire.

Revenons à cette motorisation de 1750 cc, un chiffre historique pour la marque dont plusieurs modèles ont fièrement estampé le nom et ce depuis les années 1930 avec l’Alfa Roméo 6C 1750 GT jusqu’à la fameuse Alfa 1750 parue fin des années 1960, qui n’est autre que la remplaçante de la Giulia, la 1750 a modernisé la berline à caractère sportif, surtout avec sa version coupée GTV qui reste à ce jour très prisée par les collectionneurs.

Un petit tour dans l’histoire d’un constructeur s’impose pour mieux connaître sa philosophie, son évolution et ses futures inspirations.

En ce qui concerne la Giulietta, qui tient son nom de sa devancière des années 1950, elle a bénéficié du design intemporel des Alfa avec un profil d’une deux portes grâce aux poignées arrières bien dissimulées, les jupes latérales et les doubles sorties ‘’véritables’’ avec le cigle du trèfle à quatre feuilles sur les deux ailes avant sont spécifiques à cette version, les jantes 18 pouces style turbines lui donnent un aspect GT très élégant.

L’intérieur est un subtil mélange rétro-moderne, le cuir rouge est d’une qualité digne des meilleurs premium, la position de conduite est millimétrée et les sièges très enveloppants (pour maintenir le corps dans les virages rapides) l’habitabilité ne convient pas aux personnes de très grande taille, ni aux familles avec 3 enfants, car l’espace aux jambes, la garde au toit ainsi que le coffre sont conçus à la sauce Alfa Romeo, c’est-à-dire que le design et l’équilibre du style priment sur le confort et l’habitabilité, d’ailleurs il y’a très peu d’espace de rangement à l’intérieur, j’ai rarement vu un accoudoir aussi petit et peu pratique, je mettais un stylo dedans, c’est tout ce qu’il peut contenir,  une voiture d’égoïste diriez-vous ?

Au chapitre ergonomie, c’est très correct, sauf les commandes du rétroviseur trop petites et mal adaptées ainsi que le fonctionnement des vitres électriques séquentiels qui peut s’avérer capricieux de temps à autre, les palettes au volant se font très discrètes mais tombent parfaitement sous les doigts, elles auraient pu être plus ostentatoires et de meilleure facture (façon aluminium par exp).

Les commandes au volant datent d’une autre époque et d’un autre constructeur (FIAT), elles sont pratiques mais la qualité n’est pas au rendez-vous.

Heureusement que l’écran tactile vient rehausser le niveau, avec une interface pratique, un bon éclairage même en plein soleil et surtout une commande vocale qui permettait même d’envoyer des SMS sans toucher son smartphone. Les SMS étaient signés Alfa Romeo, la frime !!

Terminons en beauté avec les sensations de conduite ! Et oui j’aurai pu dire tout simplement la conduite ! Mais dans sensations je fais allusion au plaisir, aux émotions, à la vraie mécanique qui ne te transporte pas mais te porte !! On ne conduit pas une Alfa QV, on fait corps avec la machine.

Le cœur de la bête est le même que celui de l’Alfa 4C, une voiture déjà collector

Pour le démarrer on utilise la clé et non un bouton de démarrage, rien d’original jusqu’à présent, sauf qu’il faut tourner la clé et attendre un petit moment pour que le moteur se mette en marche !! Pourquoi ?

Tout simplement les ingénieurs Alfa veulent maintenir des traditions de l’époque où la vraie mécanique ne se mêlait pas avec l’électronique, et le premier contact avec la voiture qui est le démarrage moteur doit être cohérent avec cette philosophie.

Une fois le moteur en marche, il se fait discret à l’arrêt, mais dès que les premières tours résonnent, on commence à se prêter au jeu, le régime moteur ronronne du collecteur faisant un son rauque et très présent dans l’habitacle, puis ça continue jusqu’à l’échappement où un crépitement aléatoire se ressent même dans les phases de décélérations, en effet, le modèle 2015 que j’avais a bénéficié d’un lâcher prise des ingénieurs qui se sont amusés à accentuer le grognement car les versions précédentes été jugées trop discrètes par les Alfistes.

Il faut avouer que cette voiture aimait les accélérations franches et était beaucoup moins agréable en ville, la boite auto TCT n’aimait pas les bas régimes, la 1ère et la 2ème sont les rapports les moins plaisants, j’essayais de passer la troisième le plus tôt possible pour avoir des frissons et renouer avec le plaisir.

           

Si j’ai trois éléments à retenir de mon expérience d’Alfiste qui a duré quelques années, je dirai moteur, châssis et design, et finalement c’est ce qu’on attend d’une voiture !!

Ses points forts gomment ses points faibles, tous les ingrédients sont réunis pour le plaisir !

On n’achète pas une Alfa, on se marie avec…

Article: Sabri Mamlouk – Gentlemen Driver Actuoto

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